Manuel Valls, ancien ministre des Outre-mer, a exprimé ses opinions dans une interview au magazine Le Point, en dénonçant ce qu’il considère comme une « négation du politique » incarnée par Emmanuel Macron. Il estime que le président de la République a favorisé l’absorption des partis traditionnels au profit d’un macronisme qui ne repose pas sur des compromis, mais sur une domination politique unilatérale.
Valls appelle à la construction d’une nouvelle coalition politique, allant du centre droit aux socialistes, pour l’élection présidentielle de 2027. Il souhaite éviter un affrontement direct entre La France Insoumise (LFI) et le Rassemblement National (RN), en proposant une alternative autre que le simple maintien du « en même temps ».
Une proposition de coalition pour 2027
Selon lui, il faut « inventer autre chose » que la stratégie actuelle. Il insiste sur la nécessité de bâtir une alliance centrée sur un projet commun, qui ne se limite pas à rejeter LFI ou le RN, mais qui propose une alternative crédible et constructive.
Une absence de rancœur malgré la fin de son mandat
Nommé en décembre 2024 ministre d’État chargé des Outre-mer par François Bayrou, puis reconduit dans le premier gouvernement Lecornu, Valls a été remplacé dans le second gouvernement par la députée Naïma Moutchou, membre d’Horizons.
Il affirme cependant ne ressentir ni amertume ni rancœur face à cette décision. Il estime que sa mission dans le ministère aurait dû continuer, notamment pour appliquer l’accord de Bougival sur la Nouvelle-Calédonie et mener des chantiers institutionnels en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe.
Il critique la décision du président Macron et du Premier ministre, la qualifiant de « mélange de mesquinerie et de cynisme ». Selon lui, il paye le prix d’avoir réussi à rétablir le dialogue en Nouvelle-Calédonie, alors que ceux qui ont décidé de son éviction auraient échoué sur ce dossier.
Le contexte en Nouvelle-Calédonie
En mai 2024, des émeutes avaient éclaté en Nouvelle-Calédonie, à la suite d’une réforme électorale votée à Paris. Les indépendantistes considéraient cette réforme comme un passage en force. Ces violences ont causé 14 morts, plus de deux milliards d’euros de dégâts, et ont laissé l’archipel en difficulté économique.
Valls insiste sur le fait que l’accord de Bougival, conclu en juillet sous sa médiation entre l’État, les loyalistes et une partie des indépendantistes, doit être appliqué. Il estime qu’il n’y a pas d’autre choix que de mettre en œuvre ce texte, qui prévoit la création d’un « État de Nouvelle-Calédonie » inscrit dans la Constitution française.
Il appelle néanmoins à engager un dialogue « intelligent » avec le FLNKS, qui rejette pour l’instant cet accord.