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Le trafic de drogues en France a connu une transformation majeure ces dernières années, notamment sous l’impact des réseaux sociaux et des plateformes numériques. Alors que la violence liée au narcotrafic a récemment fait la Une, comme lors de l’assassinat de Mehdi Kessaci à Marseille, un rapport publié par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) met en lumière cette évolution.

Une mutation du trafic de drogues

Traditionnellement concentré autour de points de deal physiques, le trafic de stupéfiants s’est aujourd’hui dématérialisé. Les réseaux criminels utilisent désormais massivement les outils numériques pour organiser, promouvoir et gérer leurs activités. Selon l’OFDT, ces plateformes numériques sont devenues le cœur de leur système, permettant de toucher une clientèle plus large et de mieux sécuriser leurs opérations.

Les trafiquants cherchent avant tout à maintenir et à développer leur clientèle. Pour cela, ils utilisent différentes applications de messagerie instantanée et réseaux sociaux. Certaines plateformes sont spécialisées dans le partage de photos ou vidéos montrant les produits, leur aspect, leur prix ou leur disponibilité. D’autres, considérées comme plus sécurisées, facilitent le contact direct avec les clients et l’organisation de la livraison.

Le rôle de Telegram et l’émergence de nouvelles messageries

En septembre 2024, Telegram a modifié ses règles de modération pour collaborer davantage avec la justice française. Cette décision a entraîné la suppression de nombreux comptes liés au trafic de drogues, suite à l’arrestation de Pavel Durov, son patron. Face à cette répression, certains trafiquants se sont tournés vers d’autres messageries comme Potato.

Pour continuer leurs activités, ils ont adapté leurs méthodes. Sur Telegram, par exemple, certains ont dissimulé leurs activités en ne laissant visibles que des informations sur les horaires ou les coordonnées pour commander, afin d’échapper à la modération. L’OFDT souligne à quel point ces réseaux sont devenus indispensables pour capter la clientèle.

Une diversification des profils recrutés

Malgré l’utilisation croissante du numérique, les trafiquants n’abandonnent pas les deal en face à face. Après l’assassinat en plein jour de Mehdi Kessaci, le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a qualifié le narcotrafic de menace équivalente à celle du terrorisme en France. Pour faire face, les réseaux recrutent désormais des profils variés.

Selon l’OFDT, des jeunes femmes, des personnes d’un âge plus avancé que les jeunes habituels, voire des retraités, sont embauchées pour assurer le transport ou la livraison des produits. Certains trafiquants recrutent aussi des étudiants ou des jeunes actifs, notamment pour leurs compétences en graphisme, gestion des outils numériques ou communication.

Cette diversification se traduit également par la formation de petites équipes d’autoentrepreneurs ou de groupes de deux ou trois personnes, souvent eux-mêmes consommateurs, qui développent leur clientèle via les applications numériques.

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