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Les livres politiques, souvent des échecs commerciaux

En règle générale, les ouvrages écrits par des figures politiques rencontrent peu de succès en librairie. Malgré cela, les éditeurs continuent de publier ces livres chaque année, car ils sont perçus comme un moyen pour les élus d’accroître leur visibilité et de renforcer leur image en vue de futures campagnes électorales.

Exceptions notables : Nicolas Sarkozy et Jordan Bardella

Un exemple récent est celui de Nicolas Sarkozy, qui a publié rapidement un livre intitulé Journal d’un prisonnier, seulement un mois après sa sortie de prison. Ce récit de ses trois semaines en détention à la prison de la Santé à Paris devrait connaître un fort succès commercial. Ce cas est rare, tout comme ceux des ouvrages de Jordan Bardella, qui ont récemment dominé les ventes.

En revanche, d’autres figures politiques ont publié des livres qui n’ont pas trouvé leur public. Par exemple, le dernier livre de Ségolène Royal n’a vendu que 77 exemplaires fin novembre. Quant à celui de Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, il ne figure même pas dans le Top 100 des essais et documents, où la barre d’entrée est fixée à 207 exemplaires vendus.

Une passion pour la publication en période électorale

« Il y a des ovnis qui passionnent et puis il y a tous les autres qui n’intéressent pas grand-monde. Le livre politique est assez démonétisé et Nicolas Sarkozy est l’exception », souligne l’attaché de presse Gilles Paris.

Selon lui, cette explosion de publications est souvent liée à la période précédant une échéance électorale importante. De nombreux responsables politiques, comme Xavier Bertrand, Michel Barnier, Éric Ciotti ou Gabriel Attal, cherchent à faire parler d’eux en publiant un livre, même si le contenu est parfois répétitif ou peu vendeur.

Les éditeurs constatent une nette accélération des sorties avant les grands rendez-vous électoraux. Cependant, les ventes restent souvent modestes, tout comme la qualité ou l’originalité du contenu.

Les livres qui peuvent influencer une campagne présidentielle

Certains ouvrages ont réussi à marquer les esprits et à jouer un rôle dans la stratégie politique. Le livre Révolution d’Emmanuel Macron, publié en 2016, s’est vendu à 150 000 exemplaires en quelques mois dans sa version grand format, puis à 200 000 avec le format poche. Il a permis au futur président de faire connaître ses idées et de lancer sa campagne.

De même, François Fillon a publié Faire en 2015, qui s’est vendu à 135 000 exemplaires, donnant un aperçu de sa victoire lors de la primaire de la droite.

« Un livre n’a jamais fait une élection, mais cela permet de voir qui suscite la curiosité des Français », explique un professionnel de l’édition.

Les faibles ventes n’arrêtent pas la publication

Malgré des résultats commerciaux souvent décevants, la publication de livres politiques continue. Nicolas Sarkozy, par exemple, a connu une large popularité lors de la présidentielle de 2016, mais a perdu la primaire de droite. François Hollande, dont le premier livre avait bien marché après son départ de l’Élysée, n’a pas réussi à revenir sur le devant de la scène en 2022 avec ses publications suivantes.

Les maisons d’édition justifient cette persistance par des faibles coûts de production et des avances modestes. Elles espèrent aussi que certains ouvrages, même peu vendus au début, pourront trouver leur public plus tard, comme ce fut le cas pour Bruno Retailleau, publié en 2019, qui n’avait vendu que 3 000 exemplaires à l’époque.

En somme, la publication de livres politiques reste une stratégie qui, malgré les faibles ventes, permet aux politiques de maintenir leur visibilité et de renforcer leur image en vue de futures ambitions électorales.

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