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Le débat sur l’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur l’emploi s’intensifie. Des études récentes révèlent que l’IA pourrait déjà automatiser une partie significative des postes de travail, avec des chiffres impressionnants à l’échelle mondiale. Mais qu’en est-il pour la France ?

Des chiffres alarmants à l’échelle mondiale

Selon une étude du Massachusetts Institute of Technology (MIT), l’IA est déjà capable d’automatiser le travail de 11,7 % de la population active aux États-Unis. Cette analyse porte sur plus de 51 millions de travailleurs, 32 000 compétences différentes et 923 métiers.

Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas uniquement les métiers liés à la technologie qui sont concernés. Les secteurs des ressources humaines, de la logistique, de l’administration ou encore de la finance sont également à la croisée de vagues d’automatisation. À terme, l’IA pourrait bouleverser l’ensemble du marché du travail.

Un impact plus limité en France

En France, l’impact potentiel semble moins important. Selon plusieurs études, notamment celles de Pôle emploi, de l’Insee, de France Stratégie ou du ministère du Travail, entre 6 et 7 % des métiers pourraient être automatisés.

Cette différence s’explique notamment par la forte présence de la fonction publique, des secteurs de la santé, de l’éducation ou des services sociaux, moins exposés aux transformations technologiques rapides. Cependant, le MIT rappelle que ces projections restent variables. L’impact réel dépendra de la stratégie des entreprises, de l’adaptation des travailleurs, des choix réglementaires et de l’acceptation sociale.

Le rôle de l’humain face à l’IA

Certains experts insistent sur la nécessité de préserver la place de l’humain dans le monde du travail. Jeff Bezos souligne notamment que la créativité humaine reste un atout essentiel pour l’avenir de l’emploi.

Une transformation en cours, mais pas un remplacement immédiat

Chez Indeed, l’un des plus grands sites d’emploi mondiaux, deux offres d’emploi sur trois comportent désormais des compétences pouvant être traitées par l’IA. Un programme sur Google, par exemple, permet de diagnostiquer le cancer du sein grâce à l’intelligence artificielle.

Pour autant, ces offres ne représentent que 2,6 % de l’ensemble des offres d’emploi à l’échelle mondiale. Hannah Calhoon, vice-présidente IA chez Indeed, précise que la majorité des emplois va évoluer de manière radicale dans les prochaines années, semblable à l’impact de l’Internet sur les trois dernières décennies. Toutefois, le remplacement total reste marginal pour le moment.

Selon elle, l’objectif n’est pas de remplacer les humains, mais de les aider. L’IA doit leur donner les moyens d’agir davantage. Indeed considère que la collaboration entre l’intelligence artificielle et le jugement humain est la voie à suivre.

Une vision optimiste mais prudente

Sarah Hoffman, de AlphaSense, partage cette idée. Elle estime que l’IA peut gérer des tâches répétitives ou difficiles, permettant ainsi aux humains de se concentrer sur des initiatives innovantes et stratégiques, sources de croissance.

Cependant, d’autres mettent en garde. Arthur O’Connor, professeur à la CUNY, souligne que la plupart des études évaluent peu la qualité de l’utilisation de l’IA. Il alerte aussi sur la difficulté pour les sociétés d’absorber ces changements à grande échelle, qualifiant la gestion des transformations du marché du travail de problématique majeure.

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