En Asie, un petit pays se distingue par sa gestion de la circulation sans utiliser de feux tricolores depuis de nombreuses années. Cette particularité étonnante repose sur une philosophie profondément ancrée dans la culture locale.
Le seul pays sans feux tricolores
En 1995, le Bhoutan a connu ce qui semblait être une révolution : l’installation du tout premier feu tricolore dans le royaume. Il a été placé à un carrefour de Thimphu, la capitale. Cependant, cette installation n’a duré qu’une journée. En quelques heures, la population a exprimé son mécontentement face à cet objet perçu comme froid, impersonnel et déconnecté de la relation qu’elle entretenait avec les policiers qui régulaient la circulation. Le feu a été rapidement démonté, et il n’est jamais revenu.
Dans ce pays, la conduite repose sur la courtoisie et le respect mutuel. L’introduction d’un dispositif automatique a été perçue comme une intrusion technologique. Contrairement à l’Europe, où les feux tricolores sont considérés comme essentiels pour la sécurité, les Bhoutanais y voient un obstacle au lien humain. La circulation y est lente, généralement à 30 km/h en ville et 50 km/h en zone rurale, ce qui favorise une ambiance sociale plutôt que mécanique.
Au Bhoutan, les policiers gèrent directement la circulation.
Ce rejet des feux tricolores dépasse la simple gestion routière. Il reflète une philosophie nationale centrée sur le bien-être collectif. Le Bhoutan est l’un des rares pays à mesurer son succès en utilisant l’indice du Bonheur National Brut plutôt que le PIB. La technologie n’est adoptée que si elle contribue à la sérénité des habitants.
Une gestion humaine de la circulation
Dans la capitale, Thimphu, le spectacle le plus emblématique est la présence de véritables policiers de la route. Ils exécutent des gestes précis, dans des uniformes impeccables, pour diriger la circulation. Ces agents sont formés pendant plusieurs jours à maîtriser des signaux clairs et élégants. Leur présence est régulière, avec des rotations toutes les 30 minutes, afin de maintenir une gestion humaine fluide et bienveillante.
Mais face à l’augmentation du trafic, le pays a dû s’adapter. Depuis quelques années, des ronds-points ont été construits dans les zones les plus fréquentées. Pour limiter la congestion, le Bhoutan impose aussi des taxes très élevées sur les véhicules et limite l’importation de voitures neuves. Ces mesures permettent de réduire le parc automobile et de préserver un environnement écologique exemplaire.














