Une nourrice algérienne jugée pour avoir intoxiqué la famille qu’elle gardait
Le tribunal correctionnel de Nanterre doit rendre sa décision ce jeudi 18 décembre concernant une femme algérienne de 42 ans, sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). Elle est poursuivie pour avoir, en janvier 2024, versé des produits ménagers toxiques dans la nourriture et les boissons de ses employeurs, une famille juive composée d’un couple et de trois enfants âgés de 2, 5 et 7 ans.
La prévenue avait été mise en examen pour « tentative d’empoisonnement ». Cependant, cette qualification a été modifiée, car les expertises toxicologiques n’ont pas prouvé que les substances versées pouvaient entraîner la mort. Elle risque toutefois une peine de prison, notamment pour administration de substances nuisibles suivie d’incapacité de plus de huit jours, en raison de motifs discriminatoires liés à la race, à l’ethnie ou à la religion.
Les faits reprochés
En novembre 2023, la femme avait obtenu son poste en falsifiant une carte d’identité belge. Mais les faits qui lui sont reprochés se sont produits dans la soirée du 29 janvier 2025. La mère de famille a remarqué, peu après le départ de la nourrice, une odeur de javel dans le vin et de la mousse provenant d’une bouteille de jus de raisin. Elle a porté plainte le lendemain auprès des autorités.
Les analyses toxicologiques ont confirmé la présence de substances chimiques nocives, notamment du polyéthylène glycol (PEG) et d’autres agents corrosifs, dans plusieurs boissons et aliments, dont le vin, le whisky, l’alcool de figue, le jus de raisin et des pâtes. Ces substances peuvent causer de graves blessures au système digestif.
Les déclarations de la prévenue
Après avoir d’abord nié les faits lors de sa garde à vue, la femme a finalement expliqué lors de la perquisition de son domicile qu’elle n’aurait « jamais dû travailler pour une juive » et que ses employeurs lui avaient causé des problèmes. Elle a aussi avoué avoir versé une « lotion à base savonneuse » dans la nourriture, en réaction à des tensions avec ses employeurs. Elle a expliqué qu’elle était énervée et qu’elle savait que cela pourrait leur faire mal, mais pas au point de les tuer.
Une interprétation contestée
Son avocate, Me Solange Marle, a contesté la qualification antisémite de l’accusation, évoquant plutôt une jalousie profonde. Elle a souligné que les substances toxiques n’étaient présentes que dans les boissons des parents, pas dans celles des enfants. Une expertise psychiatrique a conclu que la prévenue n’avait pas de trouble ayant altéré son discernement.
Cependant, l’exploitation de son téléphone a révélé des recherches Google sur le couple, notamment sur « les juifs berbères » et « les pratiques religieuses du judaïsme ». La justice a également noté plusieurs publications en lien avec le conflit israélo-palestinien sur ses réseaux sociaux.
Les enjeux du procès
Initialement, la femme avait été mise en examen pour « tentative d’empoisonnement ». Mais cette qualification a été revue, car les analyses n’ont pas montré que les produits versés étaient de nature à provoquer la mort. La décision du tribunal sera donc importante pour déterminer si elle sera condamnée ou non à une peine de prison ou à une reconduite à la frontière.














