Qui est Charles Alloncle, ce député qui questionne les grands noms de l’audiovisuel public ?
Méconnu du grand public, Charles Alloncle est le rapporteur d’une commission d’enquête sur l’audiovisuel public. Il a auditionné plusieurs figures importantes de Radio France et de France Télévisions. Ancien proche de Nicolas Sarkozy, il est aujourd’hui considéré comme un intime d’Éric Ciotti. Il affirme ne pas chercher à faire le buzz, mais ses actions irritent la gauche.
Une audition peu commune pour un jeune politique
Fans de « Secrets d’histoire » et d' »On n’est pas couché », Charles Alloncle a été « biberonné » à France 2, selon ses propres mots. Ce mercredi, il doit auditionner Sybile Veil, la PDG de Radio France. Elle occupe le même siège que Delphine Ernotte, qui a été interrogée la semaine dernière. La députée de l’Hérault, âgée de 32 ans, a pris la tête de cette commission récemment, après une polémique impliquant deux journalistes du service public, Thomas Legrand et Patrick Cohen. Ces derniers sont accusés d’avoir eu des connivences avec des socialistes lors d’une campagne électorale à Paris.
Une mission déterminée
Poussé par Éric Ciotti, cet élu, peu connu jusqu’ici, s’est lancé dans cette mission. Il a rapidement marqué les esprits, notamment en obtenant une interview sur France Inter mi-décembre, une étape considérée comme un grand succès pour un jeune député. Un député RN a salué son sérieux et ses connaissances sur ces sujets.
La commission d’enquête intervient dans un contexte tendu pour l’audiovisuel public. Des médias comme CNews, Europe 1 ou le Journal du Dimanche, appartenant à Vincent Bolloré, accusent le service public de pencher à gauche. Les budgets à venir s’annoncent également difficiles.
Un enjeu politique majeur
Le sujet de l’audiovisuel est devenu très politique ces dernières années. Selon un député LR, c’est un terrain d’expression pour ceux qui veulent se faire remarquer à droite ou à l’extrême droite, notamment lors d’interventions dans les médias Bolloré. La question de la privatisation de Radio France et de France Télévisions est évoquée par certains, mais Charles Alloncle affirme ne pas s’en mêler pour l’instant, se concentrant sur son rôle dans la commission.
Un parcours politique marqué
Issu de Nancy, il a dirigé la section de droite à Sciences Po avant de se faire remarquer par des proches de Nicolas Sarkozy. Il a été candidat à la présidence des jeunes LR, mais a été battu par Aurane Reihanian, un lieutenant de Laurent Wauquiez. Après un temps éloigné de la politique, il s’est rapproché de Jordan Bardella et a été élu député en 2024 sous l’étiquette Ciotti, dans une circonscription à gauche, ce qui a surpris au sein du Rassemblement National.
Une méthode d’interrogation très ciblée
Depuis le début des travaux, la commission a auditionné une dizaine de personnes, dont la plus scrutée reste Delphine Ernotte. La stratégie : poser une cinquantaine de questions, mais se concentrer sur des points précis, notamment sur les frais de bouche de la direction ou la rémunération de certains collaborateurs. Elle a également évoqué la situation financière critique de France Télévisions, tout en renvoyant la responsabilité au ministère de la Culture.
Une approche critiquée et prudente
Malgré ces questions, le rapporteur a souvent évité les réponses tranchées. La PDG a reconnu que des polémiques récentes ont alimenté un débat légitime, mais a aussi évoqué ses limites dans la neutralité. Certains députés socialistes ont dénoncé une méthode qui pourrait ressembler à un « test » insistant pour trouver des failles, plutôt qu’une recherche objective.
Une question de communication et de stratégie
Le président de la commission, Jérémie Patrier-Leitus, avait mis en garde contre tout dérapage, soulignant que l’objectif n’était pas de transformer cette instance en « cabaret » où chacun fait son numéro. La différence de philosophie entre lui et Charles Alloncle reste floue, mais ce dernier assure que chacun a son rôle et que tout se passe bien entre eux.
Une ligne de conduite claire
À gauche, certains craignent que cette commission ne serve d’instrumentalisation pour fragiliser l’audiovisuel public en cas de changement politique. La secrétaire de la commission, Sophie Taillé-Polian, évoque une crainte que cette démarche ne devienne une arme pour démanteler le service public si l’extrême droite arrivait au pouvoir.
Pour sa part, Charles Alloncle affirme ne pas se laisser entraîner dans le buzz. Il précise se concentrer à 90 % de son temps à cette enquête, évitant TikTok ou autres modes de communication sensationnalistes. La semaine prochaine, il auditionnera des journalistes comme Patrick Cohen et Thomas Legrand, ainsi que d’anciens animateurs de France Télévisions.














