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Les gendarmes de la compagnie de Nantes ont procédé, mardi 2 décembre, à l’interpellation de trois personnes suspectées d’être impliquées dans un réseau de livraison par drones dans plusieurs prisons de la région. Ces individus comparaîtront en justice ce vendredi, sous le régime de la comparution immédiate, et risquent jusqu’à dix ans de prison.

Il s’agit d’un trafic organisé à grande échelle. Le principal suspect, âgé de 27 ans, sera jugé avec sa mère, âgée de 54 ans, ainsi qu’un autre jeune homme de 24 ans. Selon le parquet, ils sont soupçonnés d’avoir effectué de nombreuses livraisons illégales dans des établissements pénitentiaires.

Un mode opératoire précis

Entre février et décembre, le trio aurait visité une dizaine de maisons d’arrêt en Loire-Atlantique, ainsi que dans cinq autres départements de l’Ouest. Ils utilisaient des véhicules de luxe, tels que des Audi RS3, Cupra Formentor ou Mercedes Classe A, pour se déplacer. Leur technique principale consistait à utiliser un drone de haute gamme, capable de transporter jusqu’à un kilogramme de marchandises, pour effectuer leurs livraisons.

Les objets transportés comprenaient des téléphones, des écouteurs, des drogues (cannabis, cocaïne, héroïne), du protoxyde d’azote, des armes blanches, et d’autres produits illicites. Ces livraisons se sont déroulées lors de plus de 460 survols, de jour comme de nuit, parfois en plein jour dans les cours de promenade des prisons, ou la nuit, dissimulés dans des chaussettes et lancés directement aux cellules. Elles ont ciblé notamment la prison de Nantes, mais aussi celles de Fleury-Mérogis, Le Mans, Angers, et Poitiers.

Les commandes, dont le montant pouvait atteindre 500 euros, étaient passées via le réseau social Snapchat, par le biais de familles ou de complices.

L’enquête, menée par la brigade de recherches de Nantes, a débuté en avril 2025 suite à un signalement du directeur du centre pénitentiaire de Nantes, qui était très préoccupé par ces livraisons fréquentes. Lors des perquisitions, les policiers ont saisi un drone, des télécommandes, des batteries, des armes blanches, des produits stupéfiants, ainsi que 12 000 euros en espèces, une arme de poing, des cartouches, et de nombreux téléphones portables dissimulés dans des chaussettes. Des fausses fiches de paie permettant de percevoir des prestations sociales ont aussi été retrouvées.

Une problématique nationale

Des fouilles dans les cellules des prisons ont permis de découvrir près de 100 téléphones portables, 31 cartes SIM, ainsi que 3 kilos de drogues, comprenant cannabis, cocaïne, héroïne et amphétamines. Selon le parquet, ces découvertes confirment l’ampleur du trafic.

Le procureur de Nantes, Antoine Leroy, a indiqué que les suspects ont peu parlé ou donné des explications peu crédibles lors de leur garde à vue. Ils risquent jusqu’à 10 ans de réclusion pour diverses infractions : remise illicite d’objets aux détenus, pilotage de drones au-dessus de zones interdites, transport et détention de drogues, ainsi que pour des actes de blanchiment.

Face à l’augmentation de ces livraisons par drones dans les prisons françaises, le magistrat a rappelé que la sécurité dans ces établissements est une préoccupation nationale majeure. Il a également précisé que d’autres interpellations sont à prévoir dans des dossiers similaires.

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