Longtemps proche de Marine Le Pen, David Rachline, maire de Fréjus, n’est plus en odeur de sainteté au sein du Rassemblement National (RN). Visé par plusieurs procédures judiciaires, il n’a pas demandé le soutien du parti pour sa réélection et a annoncé qu’il renonçait volontairement à son poste de numéro trois du mouvement.
Ce changement de statut marque la fin de sa carrière comme l’une des figures montantes du RN. Autrefois considéré comme un proche de Marine Le Pen, il est désormais perçu comme un élément gênant par le parti, qui a décidé de prendre ses distances.
En conséquence, il ne sera pas le candidat du RN à Fréjus lors des municipales de mars prochain. La ville, qu’il dirige depuis 2014, représentait longtemps un symbole pour le parti, considéré comme une vitrine de ses idées.
Un processus en cours
La situation judiciaire de David Rachline est au centre des préoccupations : il doit bientôt être jugé en janvier à Draguignan pour une affaire de « prise illégale d’intérêts ». Il est accusé d’avoir participé à des votes en conseil municipal concernant deux sociétés d’économie mixte qu’il a ensuite dirigées. Le parquet a requis une peine d’inéligibilité d’un an à son encontre. Par ailleurs, une enquête pour « attributions de marchés publics » irréguliers et « favoritisme » est en cours contre lui.
Face à ces accusations, l’élu pourrait vouloir éviter une humiliation publique. Le directeur de sa campagne municipale a indiqué qu’il n’avait pas demandé l’investiture du parti pour cette élection, ce qui pourrait être un signe de sa volonté de prendre ses distances.
Le départ de Rachline du poste de vice-président du RN a été annoncé par Marine Le Pen elle-même. Elle a déclaré sur BFMTV qu’elle souhaitait qu’il ne soit plus vice-président, précisant que plusieurs procédures étaient en cours de règlement.
Une figure autrefois incontournable
Dans le passé, David Rachline incarnait l’étoile montante du RN. Membre du parti depuis ses 15 ans, il est devenu maire de Fréjus à 26 ans, faisant de lui l’un des plus jeunes sénateurs de la Ve République. Il a aussi été une figure médiatique importante lors des campagnes électorales, notamment en tant que directeur de campagne de Marine Le Pen en 2017.
Mais ces dernières années, son profil s’est effrité. Il n’a pas assisté à la rentrée politique du parti ni à ses universités d’été, et il s’est montré discret lors des élections européennes et législatives de l’été dernier.
Une polémique qui bouleverse sa carrière
Tout a changé avec la publication en novembre 2023 de l’ouvrage Les rapaces de la journaliste Camille Vigogne Le Coat. Ce livre s’intéresse au système politico-financier autour de Rachline, surnommé « l’arbre de Noël » à Fréjus, en évoquant notamment des dépenses en liquide, des enveloppes de cash, et une montre de 15 000 euros achetée par un proche sans déclaration.
Selon Camille Vigogne Le Coat, le niveau de vie de Rachline et ses habitudes de consommation ne correspondent pas à ses revenus officiels.
Le maire de Fréjus a démenti ces accusations, qualifiant le livre de « diffamatoire » et annonçant avoir déposé plainte en justice pour diffamation. Le parti RN, lui, a initialement défendu Rachline, affirmant que le seul juge était l’électorat.
Malgré ce soutien, la publication du livre a marqué un tournant. Lors de la sortie, Marine Le Pen n’a pas réagi publiquement. Quant à Jordan Bardella, il a déclaré que seul l’électeur pouvait juger Rachline, et d’autres responsables comme Sébastien Chenu ont minimisé les propos du livre, évoquant des « ragots ».
Une relation qui se détériore
Avant la polémique, Rachline était une des figures médiatiques du RN. Cependant, il s’est fait discret, n’étant plus présent lors des événements majeurs du parti, notamment la rentrée politique ou les universités d’été. Il n’a pas non plus participé à la campagne européenne ou aux législatives récentes.
Ce retrait pourrait refléter une volonté de préserver ses intérêts ou d’éviter de devenir une cible. Une photo publiée sur son compte Facebook montre Rachline entouré de Frédéric Chatillon, une figure proche de Marine Le Pen mais désormais en disgrâce après une condamnation.
Malgré tout, Rachline continue d’affirmer son affiliation au RN. Lors d’un message sur X, il a indiqué qu’il restait adhérent du mouvement, même après avoir quitté ses fonctions de vice-président.
