PARTAGER

Un nouveau service militaire volontaire annoncé par Emmanuel Macron

Ce jeudi, Emmanuel Macron a présenté en Isère un dispositif de service militaire volontaire destiné aux jeunes de 18 ans et plus. Ce projet, qui suscite à la fois des espoirs d’engagement et des inquiétudes familiales, intervient dans un contexte de tensions accrues en Europe.

Le président a dévoilé un programme de dix mois de formation, rémunérée jusqu’à 1 000 euros par mois. Ce service, volontaire, sera plus militarisé que le précédent, et vise à renforcer la défense nationale face aux menaces croissantes, notamment liées à la guerre en Ukraine.

Contexte et objectifs du projet

Le dispositif s’inscrit dans une volonté de préparer la France à un éventuel conflit de haute intensité. Il intervient aussi comme une réponse à la nécessité de créer un « réservoir de personnes mobilisables » en cas de crise, tout en évitant le retour à une conscription obligatoire.

Le chef de l’État souhaite rassurer l’opinion : « Il faut supprimer toute idée confuse qui consisterait à dire qu’on va envoyer nos jeunes en Ukraine », a-t-il expliqué. Le service volontaire s’inscrit plutôt dans une nouvelle forme de service national, volontariste et davantage militarisée, destiné aux jeunes majeurs, hommes et femmes.

Ce projet doit remplacer, progressivement, le service national universel (SNU), jugé aujourd’hui inadapté au contexte stratégique actuel. La question reste encore ouverte sur sa forme concrète.

Pourquoi ce changement intervient-il ?

Depuis la fin de la guerre froide et la suspension du service militaire obligatoire en 1997, la France a professionnalisé ses forces armées. Cependant, la crise en Ukraine et les menaces russes ont changé la donne.

Lors de ses vœux aux armées en janvier 2025, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d’un engagement plus fort de la jeunesse pour renforcer la défense nationale. La Revue stratégique de 2025 souligne l’importance de disposer d’un « réservoir » de jeunes mobilisables en cas de crise.

Ce service volontaire doit contribuer à cette stratégie en permettant à des jeunes, volontaires, d’apprendre aux côtés des militaires, sans pour autant instaurer un service obligatoire généralisé.

Une histoire longue du lien armée-nation

Ce projet s’inscrit dans une tradition de lien entre la population et l’armée. Déjà en 1871, Léon Gambetta évoquait l’idée que chaque citoyen est aussi un soldat à sa naissance. Historiquement, le service militaire a été instauré lors de périodes de menaces ou d’enjeux majeurs pour la République.

Selon l’historien Frédéric Fogacci, la fin de la conscription dans les années 1960 a transformé cette idée. Le service s’est alors présenté comme un rite initiatique ou une expérience collective, plutôt qu’un devoir militaire strict. Il est devenu aussi un outil d’intégration sociale et professionnelle pour certains jeunes, notamment issus de l’immigration.

Le gouvernement cherche aujourd’hui à combler ce vide par un dispositif moins massif, basé sur le volontariat.

Les modalités du service volontaire

Contrairement à l’ancien service national, il ne sera pas obligatoire pour toute une génération. Il cible uniquement les jeunes majeurs, hommes et femmes, avec une durée estimée d’environ dix mois.

Le nombre de volontaires commencera modestement, avec 2 000 à 3 000 jeunes la première année, puis une montée en puissance progressive pour atteindre environ 50 000 jeunes par an d’ici 2035. Cela représenterait un peu plus de 6 % d’une classe d’âge.

Ce service sera financé dans un contexte budgétaire contraint : le coût annuel serait d’environ 1,7 milliard d’euros pour 70 000 jeunes, contre 14,5 milliards pour un service obligatoire de six mois. La rémunération mensuelle des volontaires pourrait atteindre 1 000 euros, ou plusieurs centaines d’euros selon certains scénarios.

Les missions et la place dans la défense nationale

Le rôle principal de ce service ne sera pas l’engagement en opérations extérieures. Il sera centré sur la défense du territoire national, face à des menaces hybrides ou des crises potentielles.

Ce volontariat doit aussi renforcer la capacité des armées à intégrer rapidement des technologies modernes, comme les drones, et à disposer d’une masse plus importante de réservistes.

Plus largement, cette initiative vise à encourager l’engagement patriotique des jeunes. Elle s’inscrit dans une stratégie de renforcer le lien entre la jeunesse et la défense, sans pour autant revenir à la conscription obligatoire.

LAISSER UN COMMENTAIRE