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Le vote concernant la suspension de la réforme des retraites approche. Les députés doivent se prononcer dans les prochains jours, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 (PLFSS 2026). Annoncée par Sébastien Lecornu le 14 octobre, cette suspension, présentée comme temporaire, a surpris. La clarification des contours s’est faite fin octobre, avec une lettre rectificative du budget de la Sécurité sociale, mais certaines zones d’ombre subsistent.

Ce texte pourrait modifier certains paramètres clés, notamment les dates de départ en retraite, en fonction de l’année de naissance et de la carrière. Selon Yvan Ricordeau, négociateur de la CFDT, les générations 1964 et 1965 ont déjà commencé à partir en carrières longues. La suite dépendra des décisions prises.

Âge légal et trimestres gelés : qui change quoi

Sébastien Lecornu a déclaré devant l’Assemblée nationale qu’aucun relèvement de l’âge légal ne sera effectué jusqu’en janvier 2028. Concrètement, l’âge légal restera fixé à 62 ans et 9 mois jusqu’à cette date. Le calendrier prévoit notamment :

  • Pour les personnes nées en 1963 : départ à 62 ans et 9 mois
  • Pour 1964 : toujours 62 ans et 9 mois, au lieu de 63 ans prévu initialement
  • Pour 1965 : 63 ans, sans changement
  • Pour 1966 : 63 ans et 3 mois
  • Pour 1967 : 63 ans et 6 mois
  • Pour 1968 : 63 ans et 9 mois, au lieu de 64 ans
  • À partir de 1969 : 64 ans

Il s’agit d’un simple décalage d’un trimestre dans la mise en œuvre de la réforme Borne, si aucune nouvelle décision n’intervient d’ici 2028.

Concernant la durée d’assurance pour obtenir le taux plein, l’impact concerne principalement les générations 1964 et 1965. Ces personnes devront valider un trimestre de moins : 170 trimestres pour 1964 et 171 pour 1965. Pour les autres générations, rien ne change. La législation en vigueur continue de s’appliquer, avec les règles actuelles concernant l’âge légal, les trimestres requis et le calcul des retraites.

Carrières longues et autres mesures du PLFSS 2026

Il n’y a pas de suspension spécifique pour les dispositifs liés aux carrières longues. Ce dispositif est déjà important : en 2024, 18 % des retraites du régime général provenaient de départs anticipés liés à des carrières longues. La réforme Borne a étendu ces possibilités, permettant un départ dès 60 ou 62 ans selon la durée de la carrière commencée avant 20 ans ou 18 ans, voire 58 ans pour les carrières très précoces, avec plusieurs trimestres validés.

Selon le cabinet Novelvy Retraite, le texte rectifié ne mentionne pas explicitement les carrières longues, mais le gel de l’âge légal pourrait avoir des conséquences sur l’âge de départ anticipé pour ceux ayant commencé à travailler très tôt. Par exemple, ces assurés pourraient partir trois mois plus tôt que prévu, à partir de 60 ans et 6 mois pour la génération 1964, et 60 ans et 9 mois pour celle de 1965, sous réserve des trimestres nécessaires.

D’autres mesures pourraient également s’appliquer, notamment concernant le cumul emploi-retraite. Avant l’âge légal, le salaire en cumul pourrait réduire la pension. Après l’âge légal et avant 67 ans, il serait possible de cumuler emploi et retraite sans restriction, avec un plafond de revenu fixé par décret, par exemple à 7000 € par an. Après 67 ans, le cumul pourrait se faire sans condition, avec la possibilité d’accumuler une seconde retraite.

Par ailleurs, à partir de septembre 2026, les trimestres liés à la naissance, à l’éducation ou à l’adoption d’un enfant pourraient être pris en compte pour un départ anticipé pour carrière longue. Le projet prévoit de retenir deux trimestres supplémentaires pour faciliter l’accès à ce dispositif. Concernant le calcul de la retraite de base des mères, il pourrait évoluer : 24 meilleures années pour celles ayant eu un enfant, contre 25 aujourd’hui, et 23 pour les autres.

Le gouvernement s’est montré favorable à une indexation des pensions en 2026. Toutefois, une sous-indexation est envisagée, avec un taux de revalorisation réduit à 0,9 % en 2027, puis à 0,4 % de 2028 à 2030. La mise en œuvre de ces mesures reste conditionnée au vote et à d’éventuels ajustements parlementaires, qui pourraient faire évoluer le texte.

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